Communauté virtuelle du renseignement (09/09/2007)
Un article du NY Times, relayé par Le Monde du 8 septembre 2007, décrit A-SPACE, communauté virtuelle des analystes du renseignement techniquement comparable à MySpace et Face Book.A-Space complète Intellipedia, le wikipedia reservé aux 16 agences officiellees du renseignement américain.Fonctionnant depuis seize mois, Intellipedia présente une encyclopédie de 29555 articles renouvelée par un flux quotidien moyen de 414 articles et 4800 commentaires.Une bibliothèque en ligne regroupe les rapports des agences. Des blogs et une messagerie confidentielle complètent le dispositif.Le risque d'une taupe pourrait être écarté par la surveillance des intervenants qui téléchargent des masses d'information, notamment en-dehors de leur domaine normal de compétence.
C'est un défi à la traditionnelle culture du secret et à la concurrence entre agences pour qui seule compte la "sensitive compartmented information" Mais l'attaque du 11 Septembre 2001 a montré les ravages d'une information compartimentée, notamment entre la National Security Board, la CIA et le FBI.
Certains experts estiment cependant que le Web n'aurait rien changé car les analystes n'ont pas perçu l'importance des informations reçues.Tout se passe en effet dans le cerveau du décideur.
On sait, depuis Molière que l'amour vient aux filles par incitation, par inclination ou pas du tout. On rappellera aussi que George Bush Père et Michael Gorbatchev, deux décideurs particulièrement expérimentés en matière de secrets stratégiques, ont pu se réunir au large de Malte dans l'été 1991 pour organiser l'ordre du monde ,sans percevoir que l'Union Soviétique allait s'effondrer dans les semaines suivantes.
En faveur d'une communauté du renseignement,on peut penser que la multiplication des cerveaux branchés sur l'information pertinente accroît les chances d'une décision pertinente.
Ne négligeons pas non plus l'effet créatif d'une concentration d'informations significatives ("salle des cartes" dans les états-majors).
Il existe en outre dans toutes les professions, et sans doute aussi dans celles du renseignement, des schémas heuristiques et des concentrés d'expériences ("case studies") propices au repérage rapide des solutions (les "bonnes questions" du médecin, de l'ingénieur, de l'analyste financier etc...).Il est vraisemblable que les agences françaises du renseignement pratiquent des méthodes de collaboration plus ou moins similaires.
Dans le domaine plus ouvert de la simple information internationale utile à un grand public d'acteurs: entreprises, associations, états, OIG etc..., on pourrait souhaiter une mise en commun des informations couramment disponibles. Il suffirait pour cela d'un site de stockage bien structuré, d'un système de navigation-recherche orienté sur une banque de sites pertinents et d'un dispositif classique de messagerie-blogs.
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