La Bibliothèque Publique d'Information du Centre Pompîdou a invité le 14 mai un public de professionnels et usagers de bibliothèques pour une journée raccourcie mais dense de réflexion sur les nouveaux outils de la connaissance et de partage des savoirs. Les débats ont été diffusés par France Culture et on les trouvera aussi dans la bibliothèque numérique de la BPI.
Présentée par des maîtres de la recherche, une brillante introduction aux sciences contemporaines (E.Brézin) exploitant notamment le rapport de la revue Science sur la perspective de 125 questions non résolues. Plus tard , dans l'après midi, de longs débats sur la neurobiologie, l'imagerie médicale, et même la localisation de l'âme.On en retrouvera le fil dans les ouvrages réputés des orateurs, J.D.Vincent et O.Houdé
Passionnantes en elles-mêmes, ces présentations allongeaient un peu le fil à tirer en direction des usagers de bibliotheques.
Directeur de la recherche à l'INRIA , Claude Puech est plus proche de notre sujet lorsqu'il reprend un descriptif du nouvel environnement des techniques d'information et de mise en relation, avec ses strategies possibles: intelligence artificielle, nouveaux canaux de diffusion, boucles de retroaction. Il développe les méthodes de visualisation, par exemple pour l'analyse des réseaux sociaux.
On peut ajouter ici que la visualisation des réseaux de concepts, appuyés sur les thesaurus de mots-clés (taxonomy) et les banques d'abstracts, fournirait au lecteur un excellent outil de recherche. Les moteurs actuels, depuis Altaviva jusqu'à Google, recensent l'internet à la recherche de chaines de caractère et produisent une information surabondante pour qui il faut ensuite laborieusement trouver et construire du sens. Partir au contraire des questions du chercheur (meta -questions du type quoi, pourquoi etc..plus familles de questions de diagnostic et d'action nées des métiers de l'ingénieur, du médecin, de l'analyste financier, du stratège militaire etc...) produirait un branchement plus direct et personnalisable vers les corpus d'informations de l'internet et surtout idées pertinentes. Donc une satisfaction plus rapide du lecteur.
J.Bindé propose en fin de matinée les vues prospectives de l' UNESCO.
Ce n'est qu'en milieu d'après midi que Claudia Lux, directrice de la Bibliothèque de Berlin, rappelle la nouvelle problématique des professionnels: acquisition des savoirs hors lecture (son, image, video, lecteur vocal etc...) , recherche du contexte, recherche associative, débats possibles à proximité de la salle de lecture muette, utilisation du web et des blogs pour la recherche et la formation....
Le tout dernier débat s'ouvre enfin sur "Comment la bibliothèque épousera-t-elle les réseaux du savoir?"
Une vue originale de Catherine Dhérent sur l'archivage et surtout le "Record management" à la Bibliothèque Nationale de France.
Frederic Kaplan présente les travaux conduits à Lausanne sur les nouveaux E.Books, les techniques d'annotation du livre et une table de lecteur projetant le texte sur un tableau facile à compléter, commenter, partager.
P.Beaudoin expose les resultats et projets de la Fondation Wikimedia : diffusion libre de la connaissance, contenus gérés par les utilisateurs, contenus reutilisables. Bien sûr les nombreuses versions multilingues de la Wikipedia, mais aussi le dictionnaire , la galerie de photos, les Wikisources (collection de textes numérisés en code texte), les citations etc... Tout ceci gratuit et sans publicité .
Arnaud Beaufort présente l'effort developpé par la BNF depuis la proposition de Google de numériser les fonds des grandes bibliothèques. La réaction conduite par la BNF en faveur d'un projet européen se poursuit par la numérisation des fonds hors droits d'auteurs (livres choisis, jusqu'ici principalement numérisés sous forme d'images non transformables) et un projet d'accord avec éditeurs et libraires sur la mise à disposition d'ouvrages plus récents. Il s'ensuit un débat sur les résultats comparés de la puissante et professionnelle BNF et de ses concurrents commerciaux (Google) ou coopératifs (Wikimedia). On pensera par exemple aux avancées décisives réalisées dans les deux dernières années sur le marché français de la lecture par Google et Amazon, dans tout ce qui concerne l'assitance à la selection du livre, aux commentaires coopératifs sur réseau, aux services de flux RSS etc... Légitimement préoccupée de la protection du patrimoine imprimé, la BNF apparait un peu timide sur les modalités d'appropriation et partage des contenus par le lecteur, raison d'être du bibilothécaire.
Notes prises et commentées par André GARCIA